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La disparition de Gérard Berliner, en octobre 2010, a encore une fois plongé la chanson française dans le deuil. Moins médiatisé que certains de ses collègues, la nouvelle de son décès n’avait malheureusement pas fait grand écho dans les médias. Malgré tout, on se souviendra de son plus grand succès, Louise, qui mérite sa place dans la mémoire collective de la chanson.

 

L’école du spectacle

 

Gérard Berliner voit le jour le 5 janvier 1956 à Belleville, sous le nom de Raymond Berliner. À la maison, son père, d’origine russe, chante le folklore de son pays en s’accompagnant au piano. Gérard se passionne donc très tôt pour la musique et la chanson. Enfant, il découvre le répertoire de Charles Aznavour et lui voue une saine admiration.

 

Au milieu des années soixante, alors qu’il n’est âgé que de dix ans, le jeune garçon se produit pour la première fois en public lors d’un mariage. Il y interprète une chanson de Charles Aznavour. Quelques années plus tard, ses parents l’inscrivent à l’École du Spectacle, rue Cardinal-Lemoine. Cette école, en plus de dispenser les cours réguliers, enseigne également l’art dramatique, le chant et diverses disciplines artistiques.

 

Pendant trois ans, le jeune Gérard suit des cours d’art dramatique auprès de Claude Viriot. Bien que ce soit la chanson qui l’intéresse, l’artiste passe quelques auditions pour obtenir divers rôles au théâtre ou à la télévision. Il chante également dans des petits cabarets comme le Tire-Bouchon et le Canotier, situé à Montmartre.

 

Pour toi je veux vivre

 

À seize ans, il hante les bureaux de la SFP, où il finit par décrocher un emploi. Errant dans les corridors et n’hésitant pas à demander conseil à tous les artistes qu’il rencontre sur les plateaux, le jeune artiste joue également du piano pendant les pauses afin de se faire remarquer.

 

En 1974, grâce à l’éditeur Gérard Davoust, il rencontre Bernard Soulié et Michel Handson qui lui font passer une audition. Grâce à eux et sous l’égide de Jacky Rault, paraît le premier 45 tours du chanteur, qui comprend Pour toi je veux vivre. Suite à cette parution, il participe à la tournée Le tour de France des chansons d’Europe 1, en compagnie de Georgette Plana et du groupe Martin Circus.

 

À la même époque, le chanteur écrit La France et l’accordéon pour Georgette Plana. Cependant, son 45 tours n’ayant pas vraiment fonctionné, il sera pour l’instant sans suite. Gérard devient donc figurant et accessoiriste sur les plateaux télévisés dirigés par les Carpentier. Il y rencontre une foule d’artistes à qui il demande conseil. Sa rencontre avec Serge Gainsbourg, bien que brève, le marque particulièrement.

 

En 1977, Michel Kricorian enregistre huit chansons écrites en collaboration avec l’artiste dont une reprise de La France et l’accordéon et Entre Brel et Ferré. Puis, l’année suivante, il rencontre Max Amphoux, qui lui permet d’enregistrer deux 45 tours chez Philips : C’est la vie à vingt ans et L’amitié après l’amour. Cette dernière chanson connaît un grand succès au Québec, mais n’accroche guère le public français.

 

Une nana pour Noël

 

Toujours en 1978, il est invité à l’émission C’est la vie à vingt ans, où Serge Lama le remarque et lui présente Marie-Paule Belle. Celle-ci n’hésite pas à prendre l’artiste en première partie à l’Olympia, puis en tournée. C’est d’ailleurs pendant cette tournée qu’il rencontre Roland Romanelli, qui sera par la suite son arrangeur sur plusieurs des ses futurs albums.

 

Le chanteur quitte cependant sa maison de disques et lance, en 1980, un 45 tours sous le nom de Gino Lorenzi. L’amore perdonera paraît sous l’étiquette RCA. À la fin de la même année, cette fois sous le nom de Toto de Miramor, il lance Une nana pour Noël, cette fois pour CBS. Le succès relatif de ce dernier disque l’incite à enregistrer, au milieu de l’été 1981, Un mec pour l’été, toujours sous le nom de Toto de Miramor.

 

Louise

 

Toujours en 1981, il fait la connaissance, grâce à son oncle, du parolier Frank Thomas. Ce dernier lui propose le texte de Louise, dont la musique sera écrite très rapidement. Les maisons de disques, bien qu’enthousiasme face à la chanson, refusent pourtant de produire le disque. Finalement, Claude Carrère accepte de signer le chanteur et de lancer le 45 tours, en 1982.

 

Suite au succès de ce 45 tours, paraît, en 1982, le premier album de Gérard Berliner : Voleurs de mamans. Issu de sa collaboration avec Frank Thomas, qui signe tous les textes, cet album comprend, outre la chanson titre et Louise, Les mémés.

 

Poursuivant sa collaboration avec Frank Thomas, Gérard Berliner lance l’album Je porte ma vie, en 1983. Il se produit alors en première partie de Juliette Gréco à l’Espace Cardin à Paris, puis part en tournée avec Catherine Lara et Mylène Farmer. En 1984, paraît son dernier album chez Carrère, La mémoire profane.

 

Le chanteur signe alors avec Flarenasch, chez qui il restera jusqu’en 1992. Pour l’enregistrement de son premier 45 tours paru sous cette étiquette, il chante entouré de 40 musiciens dirigés par François Rauber et Gérard Jouannest au piano. La chanson À te regarder vivre est signée par Barbara et Gérard Bourgeois.

 

Le vertige des fleurs

 

Après quelques 45 tours à la fin des années 80, Gérard lance son premier album chez Flarenasch, qui est aussi le premier qu’il signe entièrement paroles et musique (sauf pour une reprise de Louise). Ce dernier est suivi, en 1992, par Le vertige des fleurs, qui comprend, entre autres, Les amants d’Oradour.

 

En 1994, encore une fois grâce à l’éditeur Gérard Davoust, il rencontre Nadine Laïk-Blanchard, qui dirige la toute nouvelle maison de disques Une musique. Produit par Charles Aznavour et Gérard Davoust, l’album Chien de voyou lui permet de retrouver son parolier fétiche, Frank Thomas. À l’occasion de la sortie de cet album, Gérard se produit en vedette au Casino de Paris.

 

Gérard Berliner retrouve alors Catherine Lara, qui réalise son nouvel album, en 1997, intitulé Heureux. Cet album marque le début de sa collaboration avec Jean-Loup Dabadie. Gérard y interprète également un texte de Victor Hugo qu’il a mis en musique ; Boire aux fontaines.

 

Le chanteur donne alors plusieurs séries de spectacle, notamment au Théâtre des dix heures, en 1998. Puis il écrit avec Frank Thomas Cantate pour une des banlieues de Paris, interprété par Isabelle Aubret. En 2000, pour Emma Baya, il signe La kanancha.

 

Mon alter-hugo

 

Pour souligner le bicentenaire de Victor Hugo, en 2002, le producteur de spectacle Gérard Louvin propose au chanteur de participer au spectacle Hugo illumine Paris. Le spectacle, qui a lieu sous la tour Eiffel, est réalisé par Gérard Pullicino. Cet événement inspire au chanteur une comédie musicale sur la vie du célèbre auteur.

 

Il collabore donc avec Thierry Sforza sur l’élaboration de cette comédie musicale, qui deviendra au fil du temps le spectacle Mon alter-hugo. Ce spectacle dans lequel Gérard incarne Victor Hugo connaît un tel succès, qu’il enregistre en 2006, l’album du spectacle.

 

En 2008, la maison de disques Édina fait paraître l’album Aimer c’est plus fort que vivre. Cet album est en fait la réédition de Mon alter-hugo, avec en titre bonus, son plus grand succès : Louise. Gérard Berliner élabore un second spectacle où il reprend cette fois les plus belles chansons de Serge Reggiani.

 

L’album live Gérard Berliner chante Reggiani paraît en 2009. Au début de l’année 2010, l’artiste retrace son parcours grâce au livre L’homme qui m’a sauvé la vie est né en 1802, malheureusement non paru à ce jour. Puis, dans la nuit du 12 au 13 octobre 2010, une crise cardiaque lui est malheureusement fatale. Il avait 54 ans.

 

Gérard Berliner laisse dans la mémoire du public le souvenir d’un artiste généreux et passionné. En près de 35 ans de carrière, il s’est constitué un public fidèle et avec ses derniers spectacles sur Victor Hugo et Serge Reggiani, il était en voie de l’élargir encore. Bref, un grand artiste qui aurait mérité un peu plus de reconnaissance de son vivant.

 

1974. (45 tours Philips 6009.484)

Pour toi je veux vivre – Rêve.

 

1978. (45 tours Philips 6172.088)

C’est la vie à vingt ans – Marcher sur les mains.

 

1978. (45 tours Philips 6172.142)

L’amitié après l’amour – Je t’aime Gégé.

 

1980. (45 tours RCA PB 8578) Sous le nom de Gino Lorenzi

L’amore perdonera – Comme une étoile.

 

1980. (45 tours CBS 9387) Sous le nom de Toto de Miramor

Une nana pour Noël – Ambiance vulgaire.

 

1981. (45 tours Accord/Musidisc ACX 135 053) Sous le nom de Toto de Miramor

Un mec pour l’été – Instrumental.

 

1982. (45 tours Carrère 49.887)

Louise – Le tendre.

 

1982. Voleur de mamans (33 tours Carrère 67.936)

Voleur de mamans – Pour t’oublier – Les mémés – Du ciel – La souvenance de le France – J’me fais d’la peine – Louise – Un jour j’mourrai peut-être.

 

1982. (45 tours Carrère 13.052)

Voleur de mamans – Un jour j’mourrai peut-être.

 

1983. (45 tours Carrère 13.314)

Je porte ma vie – Le chat.

 

1983. Je porte ma vie (33 tours Carrère 66.026)

Je porte ma vie – Le chat – Je suis venu – Garde-moi – Le poète et l’enfant – Le chagrin – L’amour m’a fait le cœur comme un nœud d’arbre.

 

1984. La mémoire profane (33 tours Carrère 66.173)

La mémoire profane – C’était l’enfance – L’adieu c’est une chose banale – C’était pas moi – Vivre – Les voyages de la vie – Hommes nous sommes – Lili – J’ai tant besoin d’accordéon – Avant ma vie.

 

1985. (45 tours Carrère 13.742)

La maladie – La mémoire profane.

 

1986. (45 tours Flarenasch 721.839)

Comme des millions d’histoires d’amour – À te regarder vivre.

 

1987. (45 tours Flarenasch 721.880)

Où es-tu ? - Dove sei.

 

1988. (45 tours Flarenasch 721.963)

Le messager – Au bout de soi-même.

 

1989. (45 tours Disques New Trade International NTI 559)

La vie au bout des doigts – Instrumental.

 

1990. De toi à moi (CD Flarenasch 96.934)

Il faut croire qu’elle s’en fout – Les hommes se trompent – Le printemps est de retour – De toi à moi – Protège-moi – Louise – la force est avec nous – L’amour de l’amour – Au bout de soi-même – Aimer – Réussir le passage – Tout ce qui nous unit.

 

1992. Le vertige des fleurs (CD Flarenasch 181.692)

Quoi de plus beau – Le chapeau d’Elton – La force est avec nous – Couvre-moi de nous – Moi je le ferai pour toi – Les liens secrets – Chantez – La moitié du monde – Ferré – À ton écoute – Les amants d’Oradour – Le vertige des fleurs.

 

1994. Chien de voyou (CD Une Musique/Polygram 191.412-2)

Soleil d’hiver – Le chant du boulanger – Je n’en crois plus mon cœur – Boulevard Arago – Chien de voyou – Je suis là – Frangin – Faut suivre rien – Besoin d’accordéon – C’est beau comme du Ferré – Drapeau – Trompe-moi.

 

1995. (2 x CD Une musique/Polygram 191 601-2) 1 916 012 et 1 916 032

Disque 1 : Louise (CD Une musique/Polygram 191 602-2)

Les mémés – Garde-moi – Du ciel – L’amour m’a fait le cœur comme un nœud d’arbre – Voleur de mamans – C’était l’enfance – Le messager – L’adieu c’est une chose banale – Louise – Je porte ma vie – Un jour j’mourrai peut-être – C’était pas moi – Les amants d’Oradour – Les voyages de la vie.

Disques 2 : Hommes nous sommes (CD Une musique/Polygram 191 603-2)

Je suis venu – Lili – La mémoire profane – Hommes nous sommes – J’me fais de la peine – Pour t’oublier – Le chat – Le tendre – Le poète et l’enfant – J’ai tant besoin d’accordéon – Avant ma vie – Le chagrin – Louise (live).

 

1997. Heureux (CD Une Musique/Polygram 191 784-2)

Heureux ceux qui t’ont aimée – Bénie sois-tu – Boire aux fontaines – Je vous l’avoue – Sing sing – Tu m’oublieras – L’homme essouflé – Margot – Qui sommes-nous – Fabuleux voyage.

 

1997. Master série (CD Une musique/Polygram 191 743-2)

Louise – Les mémés – Voleur de mamans – Trompe-moi – Les amants d’Oradour – Lili – Hommes nous sommes – Le poète et l’enfant – Vivre – Je suis venu – C’est beau comme du Ferré – Soleil d’hiver – Je n’en crois plus mon cœur – Je suis là – Boulevard d’Arago – Le messager.

 

2006. Gérard Berliner chante Victor Hugo (CD Decca 476 9938)

Âme statue – Le 26 février 1802 – Aimer c’est plus fort que vivre – Adieu beaux jours de mon enfance – Je veille – Discours sur les États-Unis d’Europe – Boire aux fontaines – Il n’avait qu’à me laisser vivre – Vous êtes bien belle – Mes lettres - Le songeur – Puisque – La misère - La gloire – Je respire - Vini vidi vixi – Aimer c’est plus fort que vivre.

 

2008. Aimer c’est plus fort que vivre (CD Édina YC ?)

Âme statue – Le 26 février 1802 – Aimer c’est plus fort que vivre – Adieu beaux jours de mon enfance – Je veille – Discours sur les États-Unis d’Europe – Boire aux fontaines – Il n’avait qu’à me laisser vivre – Vous êtes bien belle – Mes lettres – Le songeur qui pense – Puisque – La misère – La gloire – Je respire – Veni vidi vixi – Aimer c’est plus fort que vivre – Louise.

 

2010. Gérard Berliner chante Serge Reggiani (2x CD ?)

Disque 1 :

L’italien – Il suffirait de presque rien – Le vieille – Le barbier de Belleville – Ma solitude – La chanson de Paul – Les loups – Ma liberté – Hôtel des voyageurs – La java des bombes atomiques – Louise – Venise n’est pas en Italie – L’homme fossile – Votre fille a vingt ans.

Disque 2 :

J’t’aimerais – Le temps qui reste – Arthur où t’as mis le corps – Sarah – Le vieux singe – Ma fille – Ma dernière volonté – Le petit garçon – Si c’était à recommencer – L’absence – Le vieux couple.