Rosita Salvador : hommage à une grande disparue

Son timbre de voix était reconnaissable dès les premières mesures de ses chansons. Celle qui fut dans les cœurs d’un public nombreux et fidèle a définitivement tiré sa révérence sur sa vie mouvementée. Pour lui rendre hommage, voici un bref résumé des moments marquants de la carrière de Rosita Salvador.

Parcours de vie

De son vrai nom Victoire Bergeron, Rosita Salvador voit le jour en janvier 1933. Ses parents l’abandonnent malheureusement et la confie à la crèche d’Youville à Montréal où elle est adoptée. Ses parents adoptifs ne lui procurent cependant pas tout le bonheur qu’un enfant est en droit de recevoir.

Pendant son adolescence, la jeune fille étudie le ballet, ce qui la conduira à devenir danseuse dans les nombreux cabarets en vogue de la métropole. Elle se tourne cependant rapidement vers la chanson. À la fin des années 50, elle rencontre Roger Vallée, qui dirige alors l’étiquette de disques Fleur-de-Lys, qui compte également dans ses rangs Fernand Gignac. Rosita signe donc un contrat d’enregistrement et connaît son premier succès en 1959 avec la chanson Expérience pas nécessaire.

Malgré le succès de ses premiers essais discographiques, la chanteuse passe chez Trans-Canada, une toute nouvelle maison de disque qui vient d’ouvrir ses portes. Pierre Nolès, qui fait partie de l’équipe de cette nouvelle étiquette la dirige alors vers un nouveau répertoire. La chanson Donne-moi ma chance, qui fut également popularisé en France par Gloria Lasso et Richard Anthony, se hisse aux premières places des palmarès en 1963.

Ce nouveau succès élargit grandement son public. D’autres chansons connaîtront les faveurs du palmarès dont Le bonheur, En souvenir de toi, J’ai pris son nom, Quand tu es près de moi, Mon cœur est en vacances et surtout Mon cœur est en prison. Cette dernière devient rapidement sa chanson fétiche.

Constamment présente à la radio et à la télévision, la popularité de la chanteuse est alors à son apogée. En 1964, elle donne un spectacle à la Place des Arts de Montréal. Elle quitte cependant les disques Trans-Canada pour enregistrer chez Apex, puis chez London.

Si tout va bien dans sa vie professionnelle, il n’en est pas de même dans sa vie privée. De nombreux mariages et divorces lui ont value de défrayer souvent la chronique des journaux à potins. La chanteuse a du, entres autres épreuves, surmonter le suicide d’un de ses maris. En 1972, son fils Normand Salva, également chanteur, décède dans un accident de la route. Il n’avait que 27 ans.

Suite à cette difficile épreuve, Rosita Salvador délaisse peu à peu la chanson et se consacre à la peinture, ainsi qu’à l’horticulture. En 1982, elle publie son autobiographie dans laquelle elle se livre avec une grande sincérité. Elle continue cependant de se produire ponctuellement dans des soirées rétro ou dans des spectacles destinés au troisième âge.

À l’âge de la retraite, Rosita Salvador amorce une carrière de manucure. Suite à la vague de nostalgie pour les années soixante, ses plus grands succès sont réédités sur disque compact en 2000. C’est sous l’initiative de Roger Sylvain, un de ses grands amis, qu’elle monte pour la dernière fois sur scène au Théâtre du Marché Saint-Martin à Laval. Ce spectacle ayant pour but de fêter ses 75 ans, de nombreux artistes vinrent lui rendre hommage.

Le 3 avril 2008, nous apprenions le décès de Rosita Salvador, survenu à l’hôpital Honoré-Mercier de Saint-Hyacinthe. Elle souffrait du cancer du poumon et du foie. Dans une entrevue donnée en 2006, elle se disait encore pleine de vie malgré son âge. Toujours présente dans le cœur de son public, la chanteuse laisse un vide dans le cœur de toute une génération. Heureusement, il nous restera toujours ses nombreuses chansons en guise d’héritage.

~Rosita Salvador. - L'enfant de l'amour. - Propos receuilli par Renée Drolet. - Éditions de Mortagne, 1982. - 272 p. - ISBN 2890740471.