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Le nom de Frank Thomas est indissociable de celui de Jean-Michel Rivat. Pourtant, après une riche collaboration, les deux hommes ont écrit chacun de leur côté de nombreux classiques de la chanson. Mais la trace du duo sur la chanson française reste incomparable jusqu’ici.

 

Des poèmes et des livres

Frank Thomas est né à Montpellier, en 1936. Pendant la guerre, sa famille et lui doivent se cacher pour survivre. C’est pourquoi ce n’est qu’à l’âge de neuf ans que le jeune garçon apprend à lire. Ses premières lectures sont Éluard, Cocteau, Aragon, Maïakovski et Amado. Il faut dire que son père est un grand amateur de poésie.

Pendant son service militaire, la découverte littéraire de l’auteur se poursuit grâce à la bibliothèque des officiers : Paul Valéry et Anatole France, entre autres.



Frank Thomas commence sa carrière professionnelle en tant que décorateur sur porcelaine, avant de devenir coffreur-ferrailleur. Or, la “gale du ciment” le contraint à un arrêt de travail de six mois. Pendant  ces six mois, en 1958, il se retire à Cannes où il fréquente la fondation Rothschild, librairie faisant office de bibliothèque municipale.



Les premiers interprètes

Une fois rétabli, le jeune homme gagne Paris et reprend son métier sur les chantiers. Il y découvre plusieurs cabarets, mais préfère fréquenter La Méthode. Un jour, où l’auteur récite les poèmes qu’il a écrits, Leny Escudero lui conseille d’écrire des chansons. Les quatre de cœurs, groupe dont fait partie Danièle Licari, sont les premiers interprètes de Frank.



Dès lors, Frank écrit des chansons pour Lucky Blondo, Franck Fernandel (
Clara), Les Gam’s, Eddy Mitchell, Les Parisiennes, Michel Polnareff (Ne me marchez pas sur les pieds), Les Surfs et Les trois ménestrels.



Duo de choc

En 1967, Frank Thomas appelle Jean-Michel Rivat, qui écrit alors pour Joe Dassin, pour lui proposer de travailler avec lui. Ensemble les deux auteurs signent pour Joe Bip, bip, Les Dalton, La bande à Bonnot, Siffler sur la colline, Marie-Jeanne, Comment te dire...



Tout est désormais lancé et le duo Thomas/Rivat sera interprété par Marcel Amont (
L’amour ça fait passer le temps, 1971), Richard Anthony (Si chaque soir meurt une rose, 1970, Nous ne sortirons qu’au printemps), Hugues Aufray (Des jonquilles aux dernier lilas, 1968, La femme et l‘enfant, 1971, Vous ma lady, 1972), Gilles Dreu (Théodorakis, Je marcherai jusqu’au vieux chêne, L’homme qui vola les étoiles), Claude François (Y’a le printemps qui chante, Le lundi au soleil, 1972), France Gall (Bébé requin, 1967, Toi que je veux, 1967, 24/36, 1968, L‘orage, 1969), Patrick Juvet (La musica, Au même endroit à à la même heure, 1972), Esther Ofarim (Un prince en Avignon, repris vingt ans plus tard par Mireille Mathieu), Sylvie Vartan (Deux minutes trente-cinq de bonheur, en duo avec Carlos) et Hervé Vilard (Sayonara, 1969, Blanche venait de Dordogne), entre autres.



En 1967, le duo d’auteurs écrit
Vive la France pour Stone. Dans les années soixante-dix, celle-ci formera un duo avec son compositeur (qui est aussi sont mari), Éric Charden. Le duo Stone et Charden connaît alors un succès fulgurant et chante des chansons de Rivat et Thomas : L’avventura (1971), Made in Normandie (1974), Il y a du soleil sur la France et Laisse aller la musique sont les plus grands succès de cette collaboration. Plus tard, Frank signera seul J’ai toujours chanté des chansons d’amour pour Stone.



La séparation

Car après sept ans de collaboration avec Jean-Michel, Frank Thomas souhaite retrouver son indépendance et écrire seul ses chansons. Déjà, en 1972, Frank signe seul le texte de Bleu, blanc, rouge et des frites pour Marcel Amont. De même, pour Vicky Leandros, il signe Je pense à un fils, en 1972. La même année, celle-ci interprète une chanson du duo intitulée Un été. En 1973, chacun part véritablement de son côté, Frank signant Mon fils pour Enrico Macias.



Par ailleurs, Frank Thomas écrit depuis 1966 pour Gilbert Bécaud.
Petit Jean (1966) sera suivi par Le rhône, L’amour c’est l’affaire des gens et La première cathédrale (1975), chansons couvrant plusieurs décennies. Claude François (Le téléphone pleure, 1974), Philippe Lavil (Gentleman) et Alain Chamfort (Je pense à elle, elle pense à moi) interprètent eux aussi des chansons de l’auteur.



Le producteur

Parallèlement à ses activités de paroliers, il devient également producteur. Le premier album de Michel Jonasz est d’ailleurs produit par Frank Thomas. Ce dernier signe quelques chansons de l’album dont Dites-moi. L’auteur produit aussi les premiers albums de Francis Lalanne et Lucid Beausonge. Cependant, c’est Gérard Berliner qui fait exploser sa carrière de producteur.



Les trois premiers albums de l’artiste seront écrits et produits par Frank. Les chansons
Voleur de mamans (1982), Louise (1982), Je porte ma vie (1983), Vivre (1984) et J’ai tant besoin d’accordéon (1984) sont extraites de ces trois albums. En 1994, Frank Thomas signe onze des douze chansons du nouvel album de Gérard, Chien de voyou, dont Soleil d’hiver et Boulevard Arago.

 

En 2008, il signe, sur la musique de Reinhardt Wagner, toutes les chansons du film Faubourg 36 de Christophe Barratier. La chanson Loin de Paname, extraite de ce film, remporte deux ans plus l’oscar de la meilleure chanson. Quelques années plus tard, en 2015, l’auteur crée le spectacle musical Kiki de Montparnasse.

 

Frank Thomas succombe à une crise cardiaque le 20 janvier 2017, à l’âge de 80 ans. Son duo avec Jean-Michel Rivat reste une référence dans la chanson française. Simple et efficace, leur style ne pouvait que rencontrer le public. Les deux artistes ont également pu, après leur séparation, développer leur plein potentiel en solo.