Les chansons d'Ann Grégory résonnent encore dans nos mémoires. Ses plus grands succès furent interprétés par Nicoletta. Mais l'auteur a aussi écrit pour Claude François, Pierre Groscolas, Jean Guidoni, Zizi Jeanmaire...et Ray Charles, Tom Jones, Betty Carter en langue anglaise. Elle a aussi collaboré à des musiques de films (Jeff, Urgences).
Du jazz à la chanson
La carrière d'Ann Grégory, de son vrai nom Arlette Kotchounian, débute par une amitié. Alors qu'elle est encore étudiante, elle découvre avec Eddy Louis, le meilleur ami de son frère Serge, le jazz, au Club Saint-Germain à Paris. La jeune femme se passionne pour cette musique.
Eddy Louis fait partie d'un groupe vocal, aussi moderne aujourd'hui qu'hier, les Double-six. Mimi Perrin, qui écrit des paroles pour ce groupe, suggère à Arlette d'en faire autant. Elle s’attelle à la tâche pour écrire un texte sur le chorus de John Coltrane dans Ruby my dear de Thelonuis Monk. C'est une révélation : Arlette qui pensait se consacrer aux mathématiques apprend qu'en mettant des mots sur une musique, cela fait parfois une chanson.
Nous sommes au début des années soixante et la jeune femme décide alors d'écrire ses propres chansons. Elle a lu dans un journal que Françoise Hardy avait obtenu une audition en téléphonant à une maison de disque. Elle suit cet exemple et obtient une audition chez Pathé Marconi. Première audition; Roger Van Hest veut l'engager. Mais les parents ont peur qu'elle abandonne ses études et l'artiste doit attendre sa majorité avant de signer un contrat.
Auteur à succès
Sous le nom d'Arlette Avedian, contraction d'Avedissian, le nom de famille de sa mère, elle enregistre un premier quarante-cinq tours : Les gens vous disent/Tu ris de moi.
Elle rencontre Léo Missir, directeur artistique de Riviera, du label Barclay qui lui suggère de trouver un pseudonyme. Ce sera Ann Grégory. Les arrangements jazz de Yvan Jullien, pour ce second disque (Il pleut sur la place Saint-Germain), illustré d'un texte de Claude Nougaro, n'accrocheront malheureusement pas assez le public et Léo Missir ne sortira jamais le troisième disque de l'artiste, qui fut pourtant enregistré.
Ann, mordu par le métier cherche sa place. Les éditions Rudy Revil ont besoin d'une directrice artistique. Elle accepte le défi. C'est là qu’elle entend pour la première fois le titre américain intitulé Angelica. Convaincu du succès potentiel de la chanson, elle recherche un interprète. Léo Missir a signé Nicole Grisoni, la future Nicoletta. Cette dernière vient d'obtenir un succès d'estime avec son premier disque. Elle et son producteur cherchent des chansons pour en faire un second.
Ann propose de faire le texte français : La musique est née et devient le tube de l'été 1967. Sur le même disque, Ann écrit également Pense à l'été. Après quelques autres succès pour Nicoletta (Ma vie c'est un manège, 1970, Où es-tu passé mon Saint-Germain-des-prés, 1975, Jeff, chanson du film Jeff avec Alain Delon), le métier éloigne les deux femmes.
Avant de se quitter, Ann Grégory écrit le texte anglais d'Il est mort le soleil de Pierre Delanoë et Hubert Giraud, que Ray Charles enregistre. Ce dernier lui interprètera également It takes so little time (paroles et musique d‘Ann) et A childhood.
Pendant cette période, l'auteur a aussi signé des chansons pour Patricia Carli (Combien de temps), Sacha Distel (Ainsi passe la vie, 1971, Gypsy girl, 1971), Claude François (Vivre que c'est bon, 1970, Douce Candy, 1972), Esther Galil (J'attends l'homme), Pierre Groscolas (Le messager, 1974), Jean Guidoni (La leçon d'amour), Zizi Jeanmaire (Quelle gueule elle a, musique d'Eddy Louiss), Vicky Leandros (Je commence à peine à vivre, 1972), Séverine (Viens, 1971), Sandie Shaw (C'est pourquoi, 1970) et John William (Oh! Happy day, Merci Seigneur). En 1973, Sans toi, musique de Paul Koulak, chanté par Martine Clémenceau représente la France à l'Eurovision.
Ann voyage et puis a un enfant : Vincent. Aimant diversifier ses rencontres et ses activités et le métier évoluant, elle s'occupe des relations pubiques de Richard Bohringer, un ami d'adolescence, et d'Yvette Horner. Elle écrit dans Jazz Magazine, Paris-Match, Libération, s'exerce dans la photographie, collabore à des pochettes de disques : Claude Nougaro, Gaetano Veloso, Richard Galliano, et toujours Ray Charles...
Elle organise également un album sur le thème de l'Enfance, pour la Fondation pour l'Enfance de Madame Giscard d'Estaing. Enfin, elle crée des rencontres musicales en tant qu'agent : Ray Charles et Michel Legrand, Ray Charles et Henri Salvador.
2001 : Nouveau siècle
Trente-cinq ans après sa création, l'auteur retrouve les joies du succès avec La musique. La chanson est choisie comme thème de l'émission télévisée Star Académy, sur TF1. Le disque produit alors atteint les sommets des palmarès français.
Ann Grégory a repris son vrai nom, Arlette Kotchounian, depuis longtemps. Dans le cadre d'un projet avec Ray Charles, elle signe l'adaptation américaine de Il faudra leur dire de Francis Cabrel, adaptation déjà utilisée pour une publicité suisse. L’auteur a même réussi à faire chanter Ray en français avec Ensemble (duo avec Ginie Line dans le dernier disque produit par Ray lui-même Thanks for bringing love around again.
Multidisciplinaire et exigeante, Arlette dit que La musique a bien été "la clé de l'amour et de l'amitié". Elle vit désormais à Paris et visite souvent les États-Unis car son fils, Vincent, 29 ans, réside à Los Angeles. Elle a découvert le bouddhisme, il y a 20 ans, et pratique cette philosophie : "Nous sommes l'auteur de notre vie. Nous pouvons utiliser nos difficultés comme tremplin pour nous développer en prenant la responsabilité de modifier les scénarios dans lesquels nous sommes acteurs". Déterminée à vérifier, ainsi que le disait Helen Keller, que "lorsque le ciel est clair, la terre est visible".
1963. (45 tours PAT 45PAT1018, sortie sous le nom d’Arlette Avedian)
Tu ris de moi - Les gens vous disent.
1965. (45 tours Riviera 231034, sortie sous le nom d’Anne Grégory)
Il pleut sur le place Saint-Germain - Ils n’ont peur de rien - Pourquoi pas toi et moi - Demain c’est demain.
Merci à Arlette Kotchounian (Ann Grégory) et Pascal Gavillet pour leur collaboration à cette page.