On doit au compositeur Jacques Datin les mélodies de certaines des plus grandes chansons des années cinquante et soixante. Parmi ses plus grands succès, figure Tais-toi Marseille, Le jazz et la java et Le petit garçon. Les plus grands noms de la chanson ont mis leur talent au service de ce compositeur qui nous a quittés trop tôt.
De pianiste à compositeur
Jacques Datin est né à Saint-Lô, en 1920. Il amorce très tôt des études musicales. Ce n’est donc pas étonnant qu’une fois adulte, il devienne pianiste. Parallèlement, il exerce également le métier de contrôleur des contributions. Il rencontre Maurice Vidalin qui le pousse à se lancer dans la chanson. Plus tard, les deux hommes créeront de nombreux succès ensembles.
Les premiers interprètes du compositeur se nomment Marie Bizet (Elle a perdu son petit panier, 1954), Tino Rossi (Les amants de la belle étoile, 1955), Danielle Darrieux (Pénélope) et Dario Moreno (La montagne de l’amour).
Les grandes chansons
À la fin des années cinquante, il compose pour Yvette Giraud (Les amoureux, 1958), Juliette Gréco (On s’embrassera, 1959, Une feuille d’automne), Colette Renard (Zon zon zon, 1957, Tais-toi Marseille, 1958), Patachou (Entre Pigalle et Blanche, 1958, Carmen), Philippe Clay (Un fil sous les pattes, 1957, Paris Parisse, 1961, La chasse) et John William (Il riait).
À cette époque, Jacques amorce une collaboration avec Jean-Jacques Debout. Ce dernier enregistre, en 1959, Les boutons dorés. L’année suivante, le chanteur interprète La corde, Le marchand d’eau et Notre-Dame de la cambriole. Autre débutant de cette période, Marcel Amont interprète, en 1957, Julie. Ce dernier enregistrera plus tard La vague vient (1966) et Dagobert, c’est moi (1972).
Les années éclectiques
En 1961, Jacques Datin compose Nous, les amoureux, chanson présentée à l’Eurovision pour le Luxembourg. La chanson, qui est interprétée par Jean-Claude Pascal, remporte le premier prix. Isabelle Aubret la reprendra et mettra une autre chanson du compositeur à son répertoire : Le gars de n’importe où (1961). Toujours en 1961, Mouloudji crée La java de la Varenne, une chanson qui sera reprise par Philippe Clay.
Dès 1962, Claude Nougaro collabore avec le compositeur et obtient ainsi ses premiers succès : Une petite fille (1962), La jazz et la java (1962), Je suis sous (1963), Cécile, ma fille (1963). Jacques compose également De l’amour à l’amour pour Pierre Barouh (1963).
Les artistes yé-yé ne sont pas en reste puisque dès 1961, Richard Anthony met à son répertoire Ça tourne rond. France Gall enregistre également beaucoup de chansons du compositeur : Mes premières vraies vacances (1964), Christiansen (1964), La rose des vents (1966), La fille d’un garçon (1967) et Les leçons particulières (1967), par exemple. Françoise Hardy (Le temps des souvenirs, 1965) et Lucky Blondo (Tu l’oublieras cette fille) interprètent eux aussi Jacques Datin.
Les derniers succès
La vague yé-yé passée, ce dernier est interprété par Georgette Lemaire (La terre), François Deguelt (Che Guevara, 1967), Gilles Dreu (La mégère apprivoisée, 1968, L’ombre, 1969), Régine (Il m’a laissé deux cigarettes, 1968, Balayeurs balayez, 1971, Kafka, c’est dansant, 1971, L’accident) et Michel Delpech (Les hirondelles sont parties, 1968, Les pies, Il y a des jours où l’on ferait mieux de rester au lit, On ne meurt qu’une fois, 1969).
Serge Reggiani, qui a toujours su choisir des chansons de grande qualité, met à son répertoire Le petit garçon (1966), Et puis (1968), L’Italien (1971), Le vieux couple (1972), Hôtel des voyageurs (1972) et Les mensonges d’un père à son fils, entres autres. Ces chansons deviennent rapidement des incontournables de leur interprète.
En 1970, Jeanne Moreau met sur son album plusieurs chansons de Datin dont L’enfant que j’étais, Je suis à prendre ou à laisser et Juste un fil de soie. Parmi les autres interprètes du compositeur, il faut mentionner Mireille Darc (As-tu vu Balthazar, Côté soleil boulevard Arago, Si tu devines, Week-end) et Dominique Walter (Les années 70, 1970).
Enfin, Jacques Datin met en musique Les chimpanzés, une chanson de Serge Lama. Ce dernier chantera le dernier succès du compositeur : Les petites femmes de Pigalle (1973). En effet, Jacques nous quitte l’année de la sortie de cette chanson, à l’âge de 53 ans. Cependant, trente ans après sa mort, son nom et ses chansons demeurent aussi présents dans les mémoires, du moins dans celles des amateurs de la chanson française.