Hubert Giraud possède un sens inné de la mélodie. Pas étonnant qu’il ait donné à la chanson française quelques-unes de ses plus belles chansons, à commencer par Sous le ciel de Paris, qui est encore sur toutes les lèvres.
L’Amérique du sud
Hubert Giraud est né sous le soleil du midi, à Marseille, en 1920. Son enfance est marquée par un terrible drame. À l’âge de cinq ans, il perd son père. Depuis ce décès, il souffre d’asthme, maladie qui aura une influence sur le destin du jeune garçon. En effet, un médecin lui conseille d’apprendre à jouer d’un instrument à vent. Hubert choisit l’harmonica, instrument avec lequel il joue au Hot Club de France, vers 1937, avec Django Reinhard.
En 1941, il entre dans l’orchestre de Ray Ventura, qui part alors pour l’Amérique du sud. Ray pousse Hubert Giraud à apprendre la guitare. Il a comme professeur Henri Salvador, qui fait alors également partie de l’orchestre de Ray Ventura. L’aventure de l’Amérique du sud dure six ans. À son retour, l’artiste intègre l’orchestre de Jacques Hélian, puis fonde le groupe Do Ré Mi.
Sous le ciel de Paris
Sa première chanson en tant que compositeur, Aimer comme je t’aime, chantée par Yvette Giraud (1950), est un succès. Pendant les années cinquante, les succès se suivent à une cadence folle. Les mélodies du compositeur sont interprétées par les plus grands noms de la chanson : Édith Piaf (Méa Culpa, 1954, Les grognards, 1957), Gloria Lasso (Dolorès), Dalida (Buenas noches mi amor, Les gitans, Des millions de larmes, Mélodie perdue, L‘arlequin de Tolède), Luis Mariano (Que l’amour me pardonne), les Compagnons de la chanson (L’arlequin de Tolède, Mélodie perdue), André Claveau (Dors mon amour, 1958), Sacha Distel (Oui oui oui oui, 1959, Rien qu’un au revoir), François Deguelt (Je te tendrai les bras, 1959). La plus grande chanson de cette époque reste cependant Sous le ciel de Paris. Écrite avec Jean Dréjac, en 1950, elle fut chantée par Juliette Gréco, Yves Montand, Édith Piaf et Jean Bretonnière, entre autres.
Les années soixante
Contrairement à beaucoup de sa génération, les années yé-yé ne touchent pas le succès du compositeur. En effet, Hubert Giraud compose, sur des paroles de Vline Buggy, Pauvre petite fille riche pour Claude François, en 1963. Nana Mouskouri (L’enfant et la gazelle, 1968, Ma maison devant la mer) et Claude Nougaro (Sensuel, Les petits bruns et les grands blonds) ont également droit aux mélodies du compositeur. Parmi les autres interprètes de l’époque figurent Jacqueline Boyer (Comme au premier jour), Monty (D’ombre et de soleil), Marie Laforêt (La tendresse), Bourvil (La tendresse), France Gall (Y’a du soleil, 1968) et Franck Fernandel (La bouillabaise, 1969).
En 1967, Hubert Giraud signe Il est mort le soleil pour Nicoletta, chanson suivie, en 1971, par Mamy blue. Ces deux grands succès seront traduits en anglais et connaîtront une large audience interprétées par Ray Charles et Tom Jones. D’ailleurs, pendant les années soixante-dix, Séverine (J’ai besoin de soleil, 1972), Marcel Amont (La demande en mariage, 1970, Moitié orange, moitié citron, 1970), Frida Boccara (Tu es le cri de ma jeunesse, 1970), Les Troubadours (Je te verrai passer, je te reconnaîtrai, 1974) et Anne-Marie David (Je suis l’enfant soleil, 1979) enregistrent des chansons d’Hubert Giraud.
De Croisille à Dion
Cependant, c’est Nicole Croisille qui deviendra son interprète fétiche. Celle-ci enregistre, en 1974, Il ne pense qu’à toi (Parlez-moi de lui) avec un énorme succès. C’est comme un arc-en-ciel (1976), La femme et l’enfant (1977) et Tu m’avais dit finissent de glorifier cette collaboration. Par ailleurs, en 1982, c’est Céline Dion qui fait entrer dans son répertoire le compositeur avec Tellement j’ai d’amour pour toi.
Avec une carrière aussi longue et jalonnée de tant de succès, il n’est pas étonnant d’y retrouver d’innombrables prix et distinctions : Prix de la Chanson à Deauville (1954), Prix Eurovision (1958), Coq d’or de la chanson (1958), Rose d’or d’Antibes (1965), Grand Prix de la chanson française (1997)... Si l’homme n’a pas composé beaucoup de chansons pendant cette carrière (si on compare à d’autres artistes de son époque), il n’a pratiquement jamais connu l’insuccès. Bref, Hubert Giraud est un vrai mélodiste, qui sait comment toucher le public.
19??. (45 tours EP Versailles 90S125)
Les amants de Ménilmontant - Même pour un million - Puisque tu dors - T’en fais des histoires.